Entretiens

D. Vosters, président du CSA

Dominique VostersDominique Vosters, Président du CSA, revient sur les objectifs du Plan TV. Une nouvelle mission pour le régulateur qui devient partenaire de développement.

 dominique.vosters@csa.be

 

Le Plan TV 2015, c’est parti ?

Certains volets du Plan TV ont déjà été concrétisés en 2013, notamment l’organisation d’une formation à la créativité télévisuelle et d’un concours de formats c# 웹 다운로드. On a ressenti beaucoup de répondant du secteur, si bien que le département audiovisuel du Ministère a décidé de remettre le couvert en 2014. Mais ce qui démarre réellement aujourd’hui, c’est le volet « information » du Plan TV, piloté par le CSA, en collaboration avec l’Observatoire des Tendances, le Ministère et TV Prod.

En quoi consiste ce nouveau volet ?

L’idée principale est de faciliter le travail de démarchage de nos producteurs télévisuels. Nous leur transmettrons des informations relatives aux tendances du marché international des formats, ainsi que des opportunités concrètes de prospection Download Youtube f12. Nous démarrons aujourd’hui l’édition d’une newsletter bimensuelle et d’un site internet attaché. Ces deux outils devront constituer un concentré d’inspiration à destination de nos créateurs.

Un cycle de conférence est également prévu ?

On démarre là-dessus à la rentrée. Durant les deux prochaines années, le CSA organisera six conférences spécialisées sur la production de programmes de télévision commercial lease agreement. Nous inviterons des experts internationaux, organiserons des débats et des workshops. Le thème du premier événement est déjà connu : « format et droits d’auteur », avec des interventions de FRAPA, de TV Lab (France 4), des analyses de jurisprudence, de bibles de production et de contrats d’acquisition.

Pourquoi toutes ces initiatives se focalisent-t-elle sur la production de flux ?

Parce qu’il s’agit du chaînon manquant de notre paysage audiovisuel. Depuis 30 ans, la Fédération Wallonie-Bruxelles mène des actions efficaces pour soutenir la fiction, l’animation et le documentaire, avec la reconnaissance internationale qui en découle… Par contre, les programmes de télévision sont restés en marge de cette dynamique Should. Contrairement à ce qui s’est passé en Flandre, il en a résulté une forme de dédain pour la production de programmes de flux.

Mais quel est l’intérêt de développer ce créneau ?

Le marché international des formats télévisuels est en effervescence. Les exemples sont légions : une bonne idée peut être déclinée sur plusieurs marchés et rapporter gros au final… Développer une industrie audiovisuelle pérenne, c’est notamment pouvoir tirer profit de cette manne financière. Le talent indéniable de nos créateurs pourrait toucher un public plus large en se transposant dans des programmes de télévision efficaces et populaires 크로싱 2008. L’enjeu est donc économique et culturel.

Que répondez-vous à ceux qui considèrent que le « mainstream » n’est pas de la culture?

Il faudra d’abord s’entendre sur ce qu’est la culture…. Succès public et succès critique ne sont pas mutuellement exclusifs ! Stromae est acclamé par la presse spécialisée mais ses refrains sont aussi repris en chœur dans les stades de football. « Mainstream » ne se traduit pas par médiocre… La recette d’un bon format repose d’ailleurs sur cet équilibre : divertir tout en proposant de la consistance. C’est un défi créatif énorme ! De plus, n’oublions pas que le petit écran est une chambre d’écho à la culture au sens large : on suscite l’adhésion du grand public pour ensuite l’amener à plus de curiosité. Les Flamands l’ont bien compris : leurs talk-shows font des cartons d’audience, leurs « bekende Vlamingen » attirent les téléspectateurs au cinéma, au théâtre, en festivals… C’est une dynamique vertueuse qui manque encore côté francophone.

Pourquoi s’investir dans un tel projet aujourd’hui ?

Je pense que le moment est opportun pour prendre des initiatives. Premièrement : le marché de la TNT émerge en France. Cela signifie que l’horizon s’élargit pour nos producteurs puisqu’une dizaine de nouvelles chaînes recherchent du contenu démarquant. Deuxièmement, les évolutions techniques actuelles poussent la créativité télévisuelle à se redéfinir : interactivité, second écran, déclinaisons sur internet, terminaux mobiles… D’où viendra le prochain format à succès ? D’Israël ? D’Irlande ? Et pourquoi pas de chez nous ? Il y a un train à prendre et les Belges francophones ne doivent pas rester à quai.

Quel regard portez-vous sur le secteur de la télévision en Belgique francophone ?

Je ressens beaucoup de dynamisme. Nos professionnels de la télévision travaillent, certes, dans un contexte difficile mais ils gardent la volonté d’aller de l’avant. Ne nous mentons pas, notre paysage pourrait mieux se porter… Un des défis pour nos chaînes consiste à reconquérir les parts de marché que leur prennent les télévisions françaises. Selon moi, cela passe par une revalorisation de l’ancrage local des programmes. Il faut donc investir dans la créativité… À ce titre, le secteur de la production doit pouvoir compter sur le soutien financier de toute la chaîne de diffusion.

D’où part l’implication du CSA dans le Plan TV 2015 ?

Du décret sur les services de médias audiovisuels, et plus précisément de l’obligation pour toute télévision de consacrer 10 % de son temps de diffusion à des programmes en provenance de producteurs indépendants. C’est un outil de politique culturelle et économique, reconnu à l’échelle européenne, et qui me tient à cœur car il vise à consolider un secteur encore fragile chez nous. Ne perdons pas de vue que l’objectif est également de diversifier l’offre de programmes proposés aux téléspectateurs. Aujourd’hui, certaines chaînes nous disent éprouver des difficultés à atteindre cet objectif. Soit ! Le Plan TV 2015 est donc une piste de solutions.